« Le Maine Libre » : Comment avez-vous vécu le début d’année 2021 ?

Philippe Rossi : « L’année 2020 avec le Covid-19 a été difficile puis en mars dernier, s’est ajoutée la rhinopneumonie équine. Nous avons organisé, entre janvier et mars des concours pro uniquement. Cela a été catastrophique car il y avait peu de partants et des dotations importantes. Le but de ces compétitions était de maintenir une activité pour tous. Notre ADN n’est pas de fermer en attendant des jours meilleurs. Même si, à un moment, nous avons été contraints de le faire ».

Cette période vous a permis de faire des investissements ?

« Nous avons continué le développement. Car si on ne se développe pas, on régresse. Nous avons profité de ce moment où nous avions du temps pour construire 150 obstacles pour le parcours de cross de concours complet. Nous avons également construit nous-même dix roulottes pour augmenter notre capacité de couchages. Nous avons fini l’installation de l’arrosage automatique et nous avons fibré toutes les pistes extérieures. Nous retrouvons ainsi une excellente qualité de sol. C’est un vrai sujet même si nous avions d’excellentes pistes, les techniques ont encore évolué, et aujourd’hui, il faut améliorer et maîtriser ce domaine si on veut garder le haut niveau ».

Depuis quelques semaines, le programme est revenu à la normale ?

« Depuis le mois de juin et l’ouverture des concours aux amateurs, effectivement nous retrouvons une activité quasi normale. Avant nous étions au fond du trou. Ce qui a été dur c’est de remettre les gens au travail. Certes, nous avons continué à travailler mais nous n’avions plus de clients. Tout ce qui était facile est devenu compliqué et tout ce qui était compliqué est devenu impossible. Depuis quelques semaines, nous retrouvons un rythme. Ce n’est pas péjoratif, mais il fallait se remettre au boulot, retrouver les automatismes que l’on avait tous perdus. Quand tu as des concours toutes les semaines, tu ne te poses pas de question, tu es dans un rythme. En restauration par exemple, beaucoup ont profité pour changer de travail. Ils ne veulent pas y revenir et pour cause, ils ont leur soirée, leur week-end. Nous avons vécu un moment de doute. Là, nous avons retrouvé une bonne équipe.

Dernièrement, nous avons organisé les Championnats de France As poneys car Lamotte-Beuvron ne se faisait pas, mais aussi l’Open régional. L’international 4 étoiles de dressage annulé au mois d’avril a été reporté en juin mais les Anglais comme d’autres cavaliers n’ont pas pu venir. Heureusement que nous avions nos partenaires, le groupe Bonifay et la Fédération Française d’Équitation avec le fonds de dotation Équation pour nous aider.

Le week-end dernier, nous organisions les Championnats du monde de voltige jeunes et parallèlement un concours de voltige 3 étoiles senior. Nous aurons aussi le Championnat d’Europe vétérans de saut d’obstacles. Ce sont des événements de haut niveau qui servent à promouvoir notre discipline mais tous se dérouleront à huis clos ».

Vous avez développé des services autour de la discipline sportive ?

« Nous avons développé au fil des années l’hébergement avec des cottages et cette année dix roulottes. Cela nous permet d’avoir 200 couchages disponibles sur le site. Nous travaillons bien sûr aussi avec les chambres d’hôtes et les hôtels aux alentours. Nous ne pouvons pas loger et nourrir tout le monde sur le site, il y a une vraie économie créée. Côté séminaire, tout est à l’arrêt depuis mars. Il y a eu une timide reprise en juin et quelques réservations pour la fin d’année. Nous avons des séminaires d’une journée sans autre prestation. Tout le travail fait depuis des années est derrière nous ».

Quels sont les projets ?

« Notre souhait est d’avancer et de tirer vers le haut. Dès l’année prochaine, nous voulons poser une date pour organiser un concours complet 3 étoiles. Pour cela, il faut rallonger notre parcours de cross. Aujourd’hui, il fait 3 km. Pour un international, il faut ajouter 2 km supplémentaires. Alors nous y travaillons. En dressage, nous allons demander de nouveau un concours 4 étoiles et une Coupe des Nations. Rien n’est sûr mais comme Saumur ne s’est pas positionné, nous avons une chance. Nous espérons l’organiser en avril ».

Le Pôle Européen du cheval vient de décrocher le titre de pôle premium ?

« Le président de la Fédération, Serge Lecomte voulait catégoriser les pôles pérennes de compétition de manière à avoir une visibilité sur les besoins, sur le développement et la qualité des prestations. Il y a eu onze pôles visités dont trois privés (Tours, Barbaste et le Pôle européen du cheval). Saint-Lô et nous avons reçu le label premium. J’ai constaté que les centres privés, comme le nôtre, étaient une exception. Les autres appartiennent tous à une institution et ont une délégation de services publics. Ils n’ont pas les mêmes problèmes de développement.

J’ai la chance d’avoir commencé ce projet il y a 40 ans et depuis le début, les institutions nous suivent et nous font confiance. D’être également site référencé, site d’accueil pour Paris 2024, comme de nombreux autres sites en Sarthe est une belle reconnaissance ».

Que faut-il encore améliorer ?

« Nous allons nous servir de ce label de site d’accueil pour renforcer nos infrastructures, que ce soit l’amélioration des parkings et des pistes. Refaire nos accès également. Des logements supplémentaires aussi. Nous allons travailler sur le côté sport mais aussi sur les services. Nous avons des dossiers en cours. Le fait d’avoir ces différents labels nous permet d’être crédibles auprès des banques et des investisseurs.

 

Crédit Photos : LE MAINE LIBRE - YVON LOUÉ


Source : Ouest France