De juin à septembre, c’est un spectacle un peu atypique que l’on peut voir à Saumur. Un museau, deux grandes oreilles et des sabots : ce ramasseur de déchets très spécial se faufile dans la ville, longe les bords de Loire et du Thouet. Cela fait quatre ans que les cobs normands Axyon, 11 ans, et Uranus, 13 ans, tirent Marc Cluzel, éducateur et meneur d’attelage des écuries Saint-Nicolas, dans sa voiture en quête des déchets. Ce matin, de 8 h 30 à 12 h 30, assis dans l’hippomobile, Marc mène à la voix le cheval Axyon.

Sa mission principale : collecter les déchets

Pour sa première saison, c’est Marie-Pierre Chanvry qui est au ramassage. Munie d’une pince, toujours à l’affût, la femme saute de l’engin au moindre signe de poubelles et emballages, canettes, bouteilles jetés sur son tracé.

La trouvaille du jour : un poisson entier balancé dans un fourré. C’est choquant de voir ce que les gens jettent​, s’indigne Marie-Pierre. Sur l’île Offard, chaque mètre, les badauds s’arrêtent, amusés ou fascinés par l’étalon. Les enfants pointent du doigt et les adultes sortent les appareils photos. Il y a des rencontres sympathiques avec les gens qu’on croise, le cheval amène ce contact​, explique Marie-Pierre.

Marie-Pierre Chanvry, pet-sitter et cavalière depuis 28 ans, apprécie passer du temps avec les chevaux.

Toujours plus d’incivilités

Entre queues de poisson, accélérations au dernier moment ou doublements trop proches, les dangers se multiplient pourtant en ville pour l’animal allant à 6 km/h au pas et entre 14 et 16 km/h au trot. Déjà en 2020, le cheval avait été mis en danger par un automobiliste. Marc essaye d’être encore plus attentif pour ne pas perdre la confiance de la monture. Les gens sont devenus impatients de tout, on a de la gestuelle, des paroles… Ils deviennent vite exécrables. Est-ce que c’est le résultat d’une accumulation depuis un an ? Je ne sais pas, mais c’est flagrant​, s’inquiète Marc.

Axyon traversant le pont Cessart à Saumur.

Un animal performant

Il faut dire qu’en plus d’être impressionnant, avec ses 700 kg, l’animal remplit bien sa mission. Plus efficace, plus rapide et plus écoresponsable, l’hippomobile est un atout pour la ville. Même si pour Marc, il faudrait aller plus loin. Pérenniser une activité autour du cheval utilitaire dans Saumur ​et ne pas être qu’une histoire d’image. On pourrait faire du ramassage scolaire, d’objets encombrants, de sapins à Noël… Il faut que l’animal se réapproprie la cité mais différemment et non pas en concurrence de ce qui se fait​, propose l’éducateur.

 

Margaux Chauvineau

Crédit Photo : CO – MARGAUX CHAUVINEAU


Source : Ouest France