Aux confins des communes Challans et du Perrier, Denis Crochet fait des allers-retours dans ses prairies du marais vendéen. En fin de soirée, l’éleveur de 63 ans est bien occupé car c’est l’heure du repas de ses pensionnaires, trois juments et plusieurs poulains. « Ça me prend du temps mais depuis peu je n’ai même plus besoin de porter de montre », s’exclame le jeune retraité, en riant. Il y a vingt ans, il a bâti son élevage de ses propres mains dans les quelques hectares joints à sa maison et plus loin. Cet amateur n’en est pas à son premier galop, au contraire. Les 6 et 7 août 2021, lors du concours national d’élevage des foals (poulains) à Saint-Lô (Manche), Liberty, sa pouliche âgée de 2 mois, a reçu le premier prix pour les femelles jeunes. Devant les élevages bretons et normands. Un ruban et la consécration d’une vie passée aux côtés des chevaux.

Une histoire de famille

Pour Denis Crochet, le cheval a toujours fait partie de l’équation. « C’est mon grand-père qui m’a transmis le virus du cheval alors qu’il en élevait pour le trait, évoque le sexagénaire. Un virus familial. L’un de mes fils est un cavalier amateur et ma petite fille monte déjà en selle. » Élever des chevaux a toujours été un objectif en ligne de mire, à côté d’un travail dans l’agroalimentaire et de sa vie d’élu de Challans. Il s’installe sur les terres de sa famille et commence par acquérir plusieurs juments. « Padour, une jument de selle français, puis Sojade, une jument « avec les papiers », c’est-à-dire d’un lignage plus renommé, issue d’un haras de Normandie. Enfin, Funky, d’une souche encore plus prestigieuse, née au haras de Hus, au nord de Nantes », liste Denis Crochet. C’est le début de l’aventure.

Liberty, âgée de deux mois, a remporté la première place du concours pour les femelles jeunes.

Entretien des chevaux, des clôtures, alimentation, surveillance des grossesses, l’éleveur challandais consacrait à son élevage tous ces week-ends auparavant, et tout son temps désormais. « On n’y gagne rien sauf du plaisir, avoue-t-il, avec le sourire. Lors des naissances, on retrouve les courtes nuits que les jeunes papas connaissent bien. Mais c’est magnifique. » Car ce récit est avant tout une histoire de famille. Tous ses membres y participent de près ou de loin. Une relation intime qui s’inscrit dans le nom des chevaux. « Nous le choisissons ensemble et chaque poulain né sur nos terres porte notre affixe, le nom de famille, Desse. L’addition de chacune de nos initiales », explique Denis Crochet.

« On n’y gagne rien sauf du plaisir »

Plus qu’une passion, pour lui, le contact avec les animaux et les chevaux est une philosophie de vie, une recette du bonheur. « Je suis persuadé que c’est essentiel et je crois qu’on en a tous besoin. Des besoins à ras les pâquerettes, en extérieur, dans la verdure », claironne l’ancien élu.

La robe de Liberty, encore très jeune, change de couleur avec le temps, de l’alezan à une couleur plus claire.

Après cette victoire, Denis Crochet ne compte pas s’arrêter là et compte bien participer au concours départemental d’élevage en septembre. « L’objectif est d’un jour élever un poulain qui sera amené à participer à des compétitions sportives, termine-t-il humblement. Je ne suis peut-être pas le meilleur éleveur mais je me plais à rêver. »

 

Léobin DE LA COTTE

Crédits Photos : OUEST FRANCE / DENIS CROCHET


Source : Ouest France