Installée dans la région de Tours (Indre-et-Loire), Flore Roux est enseignante d’équitation et comportementaliste équin. Des compétences qu’elle met actuellement au service du Refuge de l’Arche, à Château-Gontier-sur-Mayenne.

Le refuge accueille une cinquantaine de chevaux provenant de laboratoires ou de particuliers maltraitants. Âgés d’une vingtaine d’années en moyenne, ils auront besoin de soins vétérinaires dans les années à venir. « Ce sont des animaux qui vivent en troupeau et qui ne voient l’humain que pour l’eau et l’alimentation, précise Flore Roux. L’équipe du refuge fait donc appel à moi pour les réhabituer à la présence de l’homme. Les toucher, leur prendre les pieds… »

Les motiver par la récompense

En février 2021, une cagnotte avait été lancée pour collecter les fonds nécessaires à cette opération. Flore Roux est intervenue une première fois, au printemps. Elle est de retour depuis mi-septembre pour poursuivre son travail.

« Je m’occupe d’une dizaine de chevaux par jour et je m’approche aussi des autres, détaille la professionnelle, qui utilise la méthode du renforcement positif. Le but, c’est que le cheval ait une bonne émotion. On ne va pas lui mettre la pression, mais au contraire le motiver avec une récompense, par exemple alimentaire, comme c’est un besoin primitif. »

Pour ce faire, Flore Roux utilise un clicker. En émettant toujours le même son, ce petit boîtier indique au cheval à quel moment il a produit le bon comportement, comme se rapprocher ou venir manger dans la main. La récompense l’incite ensuite à le reproduire, jusqu’à ce qu’il intègre le mouvement.

Certains chevaux progressent plus vite que d’autres. « Ça dépend de chacun. Si j’ai déjà travaillé le dominant d’un groupe, il arrive que les autres, le voyant m’approcher, gagnent en confiance. Mais ils doivent aussi être disponibles. Ils sont parfois agacés par les mouches ou distraits par leurs copains. » D’autres, plus vieux, peuvent ne pas vouloir être approchés. « Dans ce cas, j’essaie plutôt un traitement énergétique. »

« Des éponges à émotion »

Au-delà de la présence de l’homme, Flore Roux habitue aussi les chevaux à différents objets, comme le cure-pied, la brosse, la seringue, ou encore à l’odeur d’alcool.

Mais la comportementaliste insiste : « Les chevaux sont de vraies éponges à émotion. Parfois, ils s’en vont quand j’arrive, alors qu’ils m’approchaient la veille. Souvent, c’est quand je suis agacée ou fatiguée. Dans ce cas, je prends le temps de me vider la tête et j’y retourne. On voit vraiment la différence ! »

De précieux conseils qu’elle devra prodiguer aux soigneurs avant son départ. « Le but, c’est qu’ils n’aient plus besoin de moi. »

 

Émilie GINESTOU


Source : Ouest France