En plus de 20 ans de carrière, Olivier Jouin, jockey d'obstacle bien connu dans l’ouest de la France, s’est forgé un très solide palmarès. A 35 ans, ce dernier compte en effet plus de 400 victoires à son actif, incluant entre autres les Prix Murat (Gr.2) avec Royal Astarania, Georges Courtois (Gr.2) avec Al Bucq, et plus récemment le Prix The Fellow (Gr.3) avec Let Me Love. Rencontre avec un jockey discret mais diablement efficace.

Comme tant d'autres le vrius des courses a été transmis très jeune à Olivier Jouin. Une passion que lui a inculqué son père, grand suiveur de course, comme il nous le rappelle lui-même: « J’étais chargé le mercredi d’aller chercher le Turf ». Journal qui lui permettait au passage de suivre les résultats en course de ses cousins, Laurent Sauloup et Gérald Avranche. Ses frères, Thierry et Sébastien allant déjà monter à cheval, c’est donc tout naturellement que le jeune Olivier décida de leur emboîter le pas. « Ma mère ne voulait surtout pas que l’on soit jockey. Pas de chance, elle se retrouve avec un jockey, un entraîneur et un permis d’entraîner ! » se souvient, amusé, Olivier« Comme je n’aimais pas beaucoup l’école, ma mère  a fini par céder, et a accepté que je devienne jockey ». C’est alors que le jeune garçon commença son apprentissage à la rentrée de septembre 2001, non loin de chez lui, à Daon (Mayenne), au sein de l’écurie de Damien Cadot.

Olivier Jouin et Philippe Peltier, tout sourire à Auteuil

 

Durant 3 années, il apprit les bases du métier au côté de son maître d’apprentissage. S’ensuivra ensuite un bref séjour (9 mois, ndlr) chez William Menuet, avant de poser ses bagages aux Rairies, près de Durtal (Maine-et-Loire) pour commencer une longue et fructueuse collaboration avec Pascal Journiac. Pendant 7 ans, le duo fera feu de tout bois dans la région Grand Ouest, s’adjugeant un grand nombre d’épreuves, notamment de cross-country, discipline chère aux deux hommes. Olivier Jouin rentrera ensuite au service de Philippe Peltier, qui lui a permis de briller dans des épreuves de Groupe à Auteuil. On se souvient de la bonne Royal Astarania (Astarabad) gagnante en 2015 du Prix Murat (Gr.2), ainsi que de l’AQPS Une Destiné (Assesor) gagnante en 2013 du Prix André Michel (Gr.3). Cette journée du 24 novembre 2013 restera d'ailleurs à jamais gravée dans la mémoire d’Olivier, puisqu’une demi-heure après le succès d’Une Destiné, il s’imposait avec Al Bucq (Goldneyev) dans le Prix George Courtois (Gr.2). Après deux années passées chez l’homme de la Chapelle d’Aligné (Sarthe), il décida de passer free-lance. À noter qu'il s'est également imposé à Waregem, en 2019, dans le Grand Steeple des Flandres, avec Calisco de Kerser (Al Namix).

 

Debrief de la performance de Butterfly du Mou avec Pascal Journiac

 

Très à l’écoute de ses chevaux et redoutable à la lutte, Olivier Jouin fait partie des jockeys les plus expérimentés dans la discipline du cross-country, ayant épinglé à son palmarès de très nombreux Grand Cross de province. Malgré tout, il n’a pas encore réussi à accrocher à son tableau de chasse deux épreuves mythiques que sont l’Anjou Loire Challenge (L.) et le Grand Cross de Craon (L.), échouant de peu pour le succès avec Butterfly de Mou (Daramsar) dans l’édition 2021 de l’Anjou Loire Challenge, ainsi qu’avec Posilox (Loxias) dans une édition du Grand Cross de Craon. Comme tant d’autres jockeys d’obstacle, Olivier Jouin n'a pas été épargné par les blessures tout au long de sa carrière. « Les jockeys d’obstacles se cassent souvent la clavicule. Moi, elle ne s'est cassée qu'une fois ! Cependant j’ai eu 4 fractures au fémur... Chacun son truc ! (rires) ». Malgré ces déboires, notre pilote a su garder le moral, revenir avec la même envie, à chaque fois, et semble être au sommet de son art du haut de ses 35 ans

 

Olivier Jouin et Butterfly du Mou au saut du Rail-Ditch-and-Fence du Lion d'Angers

 

Le 17 septembre dernier, en s’imposant avec Let Me Love dans le Prix The Fellow (Gr.3) à Auteuil, il a permis à son ancien patron, et aujourd'hui ami, William Menuet de décrocher sa première épreuve de groupe. Le duo Menuet-Jouin s’était déjà imposé dans le Grand Steeple-Chase de Craon (L.), avec la mère de Let Me Love, Lady d’Ogenne (Sassanian). « C’était un beau clin d’œil que William m’a fait, en m’associant à Let Me Love. J’étais allé la sauter chez lui avant que la pouliche ne débute. Elle avait déjà un gros potentiel ». La fille d’Authorized débuta en obstacle par une bonne 4e place dans l’important Prix Auricula, à Auteuil, avant de suivre le programme des bons 3 ans. « On s’est appliqué à lui donner de bonnes leçons pour ne pas lui faire mal à 3 ans. ». Travail qui s’avéra payant par la suite, puisque la pouliche semble arriver à son plein potentiel dans son année de 4 ans, comme l'attestent ses 3 succès consécutifs acquis cet été avec autorité. « Elle va être amenée directement dans le Prix Maurice Gillois (Gr.1) désormais ». Cette épreuve prestigieuse sera peut-être l’occasion pour Olivier Jouin d’enlever son premier Groupe 1,  lui qui est passé tout proche de l'exploit l'an dernier avec Yeiayel (Protektor), dans le Prix Ferdinand Dufaure. Un objectif que l'on espère de tout coeur voir se réaliser pour ce sympathique pilote, et qui viendrait couronner une riche carrière, menée à son image, tout en sobriété et en tenacité.

Olivier Jouin après son sacre avec Lady d'Ogenne pour William Menuet dans le Grand Steeple de Craon

 

Crédit Photos : FRANCE SIRE / ©APRH


Source : France Sire