Jeudi 20 août 2020. Cette date, Sophie Cellier, directrice technique du Mondial du Lion, ne l’a pas oubliée. Un très mauvais souvenir puisque ce soir-là, le comité d’organisation annonçait que la prochaine édition se déroulerait sans public. La faute à ce maudit Covid-19. Un coup de massue pour beaucoup de monde : bénévoles, exposants du village et bien sûr pour les milliers de fans habitués à sillonner le Parc de l’Isle-Briand durant l’événement.

Sur le plan sportif, ce championnat du monde des chevaux de 6 et 7 ans avait heureusement pu être maintenu. « Les cavaliers nous en ont été très reconnaissants, apprécie Sophie Cellier. Mais j’ai tendance à dire que si l’épreuve sportive a eu lieu, le Mondial, lui, n’a pas réellement eu lieu. Parce que le Mondial du Lion, c’est le championnat du monde plus la fête populaire. Là, il nous manquait une grande dimension. »

« Le public, marque de fabrique du Mondial »

Habitué des lieux, le cavalier Arnaud Boiteau abonde : « La présence du public est un peu la marque de fabrique du Mondial. Très peu d’évènements de concours complet dans le monde réunissent autant de spectateurs. Et, nous, acteurs du concours complet, sommes ravis car nous avons comme obsession de médiatiser davantage notre sport. Il le mérite. »

En chiffres, le Mondial du Lion réunit tous les ans des dizaines de milliers de spectateurs. Le record ? « En 2018, on a eu entre 40 000 et 45 000 entrées , explique Sophie Cellier. Dont 25 000 le samedi pour le cross, pas loin de 10 000 le dimanche pour le CSO (concours de saut d’obstacles) et plus de 5 000 sur les deux jours de dressage, les jeudi et vendredi. Deux jours gratuits où les gens viennent profiter du village, c’est plus tranquille. »

40 % de néophytes

Comment expliquer un tel engouement ? Maire du Lion-d’Angers de 2001 à 2008, devenu ensuite bénévole au Lion équestre, Louis Sauloup évoque « une ferveur qui s’est développée au fil du temps. Le parcours a plu, les gens sont sensibles à ce parc magnifique et les obstacles se sont améliorés. » Des obstacles devenus l’une des cartes postales de l’évènement. « Certains viennent pour voir les nouveautés chaque année » , sourit Sophie Cellier.

« Ce Mondial est une belle publicité pour la ville , poursuit Louis Sauloup. Les Lionnais et les habitants des alentours invitent de la famille ou des amis pour l’occasion, pour leur faire découvrir. »

Des études menées de 2016 à 2018 ont permis de mieux connaître ce public. « Et on est assez fiers de dire qu’au Mondial, il y a 40 % de néophytes, c’est-à-dire de personnes n’ayant aucun lien avec le monde du cheval » , note Sophie Cellier. Géographiquement, 45 % viennent du Maine-et-Loire, 75 % des Pays de la Loire et « une partie assez infime » de l’étranger.

« Un test mental » pour les chevaux

Au-delà de l’ambiance qu’il apporte, ce public joue aussi un rôle dans la formation des chevaux. « Ils sont encore jeunes, c’est un peu comme s’ils étaient au collège , souligne Arnaud Boiteau. Pour la plupart, ils n’ont jamais été confrontés à ça. En tant que cavalier, c’est un paramètre supplémentaire à gérer. Le cheval est un animal sensible, facilement ému et craintif. Comment va-t-il réagir ? C’est un test mental de premier ordre. C’est une étape vers le haut-niveau pour les jeunes chevaux. »

Pas étonnant dès lors d’en voir s’illustrer ensuite lors des plus grands rendez-vous, Jeux olympiques en tête. Le public, de retour, va pouvoir de nouveau vibrer avec les possibles futurs cracks de demain.

 

Emmanuel ESSEUL


Source : Ouest France