Le cheval ou le robot dans les vignes ? Ou pourquoi pas les deux ? Lors d’une journée technique d’entretien du sol, organisée par la chambre d’agriculture des Pays de la Loire, les viticulteurs ont pu se projeter dans le futur, ce mardi 26 octobre. En intégrant le réchauffement climatique qui a et aura des incidences directes sur la vigne, les raisins et donc le vin.

« Dans un futur proche, le climat du vignoble nantais sera celui de Dax, dans le Sud-Ouest, et à plus long terme, celui de Collioure (en Pyrénées-Orientales, à la frontière espagnole, NDLR), rappellent des spécialistes de la chambre d’agriculture. Avec un risque de sécheresse et un manque d’eau plus marqué en période estivale. »

« L’animal casse moins de ceps qu’une machine »

Alors, pour limiter le passage du tracteur qui tasse les sols et lâche du gaz carbonique dans l’atmosphère, quoi de mieux qu’un bon vieux cheval ? « L’animal casse moins de ceps qu’une machine. C’est aussi la solution dans les pentes et les dévers importants », souligne Camille Madec.

La jeune femme a lancé Trait en muscadet, une société de prestation de travaux agricoles à cheval, basée au Landreau. Dans les vignes proches des Jardins du Cléray, à Vallet, elle a fait une belle démonstration du savoir-faire de son Vainqueur, un cheval de trait capable de labourer le sol sur un hectare en six heures en moyenne. Le prix ? 60 € par heure, hors taxe.

Dans les deux rangs voisins de vignes, des moutons d’Ouessant de Pâtures & Co paissent l’herbe entre les vignes. Une bonne façon de tondre l’herbe qui concurrence les ceps, tout en amendant le sol, sans moyen mécanique.

Travailler sur différentes cultures

Trektor, le tracteur robot conçu à Bouguenais, dans les vignes de Vallet.

Trektor, le tracteur robot conçu à Bouguenais, dans les vignes de Vallet.

À 10 m de là, dans sa robe verte, trône le Trektor, premier tracteur hybride autonome, doté d’un moteur diesel pour la recharge des batteries et d’un autre électrique. « C’est une plate-forme de transition agricole et énergétique », vante Fabien Arignon le directeur général de Sitia, basé à Bouguenais.

Eh oui, le Trektor, bijou technologique, est un produit local. Il permet de travailler sur différentes cultures (vignes étroites et vignes larges, maraîchage, culture légumière de plein champ et arboriculture). Il effectue de nombreuses tâches répétitives (travail du sol, pulvérisation, binage…). Son empâtement et sa hauteur sont variables. Idéal pour passer entre les vignes ou pour les enjamber. Il peut accueillir tous les outils standards qu’ils soient hydrauliques, mécaniques ou électriques.

Il peut travailler dans les vignes de 6 h à 20 h sans se fatiguer. La législation oblige le pilote, doté d’une tablette, à rester à vue. Mais, comme il est très sécurisé, les textes vont peut-être évoluer et le Trektor pourrait vaquer à ses occupations, pendant que les hommes et les femmes feront tout autre chose.

Le prix du Trektor ? Sitia ne le dévoile pas. L’entreprise résonne autrement, en intégrant le coût de la formation du viticulteur pour paramétrer le Trektor : « Dans le cadre d’un crédit-bail de 84 mois, cela revient 3 000 € par mois. C’est rentable pour un vignoble de 50 ha ou un maraîchage de 30 ha. »

Deux autres entreprises de robots présentent aussi leur matériel. Vitibot est une enjambeuse autonome, 100 % électrique, conçue par une start-up champenoise. Et LB Robotic by Agreenculture, proposé par LVVD, basée en Anjou, est un robot chenillard, bien adapté pour le désherbage mais aussi la tonte et le broyage.

Alors cheval ou robot ? « Le robot c’est vraiment l’avenir, mais qui a un coût. Et avec les difficultés actuelles, on doit attendre un peu. Et le cheval peut être utile pour l’image, par exemple lors d’une cuvée spéciale », tranche Vincent Petard, viticulteur à Saint-Julien-de-Concelles.

 

Philippe GAMBERT


Source : Ouest France